Affichage des articles dont le libellé est gentrification. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est gentrification. Afficher tous les articles

lundi 1 mars 2010

Les "creatives class" au secours des quartiers populaires ?

Selon Richard Florida, les villes doivent se réinventer. A la différence des années 90, elles ne doivent plus attirer des entreprises, mais des personnes. Mais pas n'importe lesquelles : celles qui inventent, créent, sont mobiles, qualifiées et connectées, qui par leur venue vont façonner une nouvelle image de la ville. Il les nomme les classes créatives. 


Richard Florida est aujourd'hui le gourou de nombreux urbanistes. 


Richard Florida


Il y a quelques années, Jörg Dräger, alors ministre des sciences d'Hambourg, s'est présenté au Sénat avec le livre de Richard Florida sous le bras, invitant les membres à le lire. Peu de temps après, la ville d'Hambourg engageait Roland Berger, pour étudier l'application de la théorie de Florida à la ville d'Hambourg. Cela donnera « Hambourg City of Talent ». Ses idées sont aujourd'hui à la base de la stratégie de développement de la ville. 


Pour en savoir d'avantage : 

Qu'est-ce-que la gentrification ?

Le phénomène de gentrification est le processus par lequel le profil économique et social des habitants d'un quartier se transforme au profit d'une couche sociale supérieure. Concrètement, c'est quand un quartier populaire bien placé gagne en image et qu'il attire des populations plus aisées. Par entraînement, les services vont s'accroître, les loyers vont augmenter ce qui va repousser les classes populaires vers d'autres quartiers plus périphériques. 


Hambourg en plein hambourgeoisement ?


Sur Wikipedia

La gentrification : quels risques pour la ville ?


La question centrale de la gentrification est, avant d’être urbanistique ou économique, une question sociale. À qui appartient la ville ? Appartient-elle au plus grand nombre ou faut-il accepter que les plus nantis s’emparent de la ville et chasse les plus pauvres et mènent la vie dure à la classe moyenne ?


Le risque avec la gentrification est de reléguer les ménages les plus modestes en périphérie, entraînant un phénomène de ghettoisation des banlieues, une ségrégation sociale... 


Quel avenir pour le quartier Gängeviertel ?

À 15 minutes du centre ville, c'est un des plus anciens quartiers de Hambourg. Il est pourtant aujourd'hui difficile de retrouver des traces de son passé, disparu sous la pression immobilière et le passage des bulldozers de promoteurs zélés. Il reste douze maisons du 19ème siècle. Elles ont été réinvesties par un collectif de 200 artistes, dont l'objectif est de leur redonner vie, et de revitaliser par là le quartier. 


Gunter Gluecklich


Pour combien de temps ? Le promoteur hollandais Hanzevast a racheté les maisons, souhaitant y construire immeubles de bureaux et appartements de luxe...

Robert Etzold


Gängeviertel et ses artistes :



DDP


DPA


Pour en savoir plus : 

Gentrifizierung in Hamburg de Sebastian Hammelehle (all)

Un futur Ikea à Altona ?

Ikea projette de construire un nouveau magasin dans le quartier d'Altona. Mais l'idée divise les habitants. Les supporters du projet avancent que cela apportera les investissements dont ce quartier en déclin a besoin. Les opposants et les artistes locaux avancent eux que cela ne fera qu'accélérer la gentrification du quartier. L'immeuble est aujourd'hui la résidence de plus de 130 artistes locaux, qui en ont fait leur atelier et y organisent expositions et concerts.


"Altona se réjouit d'Ikea"

L'immeuble concerné


Bientôt remplacés par 20 000 m2 de surface commerciale ? Un cube jaune et bleu à la place de cet immeuble ancien ? L'avenir nous le dira...


Certains proposent d'installer Ikea à la place du Philharmonique d'Herzog et de Meuron :


Pour aller plus loin, un article du Spiegel (en)

Sankt Pauli, du quartier rouge au quartier bourgeois ?

Bordant l’Elbe, Sankt Pauli accueillit longtemps tout ce que l’on ne voulait pas voir en ville comme les hôpitaux ou les usines polluantes. Les fabriques de cordage (Reepschläger) donnèrent leur nom à l’artère principale de ce quartier très animé : la Reeperbahn. 


Quartier associé à la prostitution et à l’industrie du sexe, on y trouve de nombreuses maisons closes, sex shop, boîtes de strip-tease. Cette tradition remonte au XVIIe siècle. 

En 1610, le Comte Ernst von Schauenberg aménagea ce qu’on appelle « Große Freiheit » (« La Grande Liberté »), en donnant à cette zone de nombreux privilèges pour les manufactures et la liberté de religion pour tous ceux qui souhaitaient s’y installer. Les libertés s’étendirent progressivement aux divertissements comme les théâtres, cirques et brasseries. La prostitution commença à s’établir à partir du 19ème siècle dans ce quartier portuaire.




Si sa réputation sulfureuse l’a rendue célèbre, la Reeperbahn concentre également l’essentiel des sorties des Hambourgeois. Les loyers modérés attirant artistes et étudiants à Sankt-Pauli, le quartier rouge est devenu, les années passant, un quartier « in », presque bobo. 




Le quartier est aujourd'hui en pleine modernisation. Et ça ne réjouit pas toujours les habitants. Si l'objectif d'en faire un quartier propre et sûr est tout à fait louable, le fait est que le quartier est aujourd'hui livré aux spéculateurs immobiliers. Les gratte-ciels poussent comme des champignons. Plus on paie, plus on peut construire haut. Et les loyers grimpent d'autant. La solution : résister ou s'en aller. 


Et ailleurs...

L'association « Rechtaufstadt » (Droit à la ville) regroupe une vingtaine d'initiatives. Leur slogan : chacun a le droit de vivre dans la ville, peu importe ses origines sociales, son niveau de vie. Tout le monde a le droit à la centralité urbaine.


 Album Hamburg par Spanier sur Flickr


> écouter le reportage de Julien Méchaussie sur RFI (à partir de la 8ème minute)


Manifestation entre des contestataires et la police à Hambourg

Revirement de la politique de la ville

La ville, dans les pas de la théorie de Richard Florida, tentait à tout prix d'attirer les creativ class dans ces quartiers populaires, c'était la politique "Hamburg, City of Talent". Elle vendait pour cela immeubles et terrains aux promoteurs les plus offrants, à eux de les transformer en lofts bobos et en bureaux design. Cela lui rapportait en passant beaucoup d'argent. 


Mais face à la contestation sociale, il y a eu une certaine prise de conscience. Après avoir vendu dans un premier temps des immeubles de Gängeviertel à des promoteurs par exemple, la municipalité les rachète et discute de leur avenir avec les associations du quartier. Elle engage une réflexion sur l'espace public, prenant en compte d'autres paramètres que l'argent. 


« Il faut sortir de l’idée que la seule solution pour résoudre le problème des quartiers pauvres est d’y faire venir des riches. On ne commencera pas à réfléchir à des solutions tant qu’on n’acceptera pas que c’est une prémisse totalement fausse » (Mathieu VAN CRIEKINGEN)